Auteures :
Parents
d'élèves école de la Major
Vendredi 1er Mars 2002, 8h30.
Rue de L’Evêché.
Elle court, tenant un petit garçon par la main.
Tout le long de la rue de l’Evêché.
La porte de l’école Major Cathédrale est fermée.
Ils sonnent, sonnent en vain.
Une jeune dame vêtue d’une blouse rose arrive, prend l’enfant et
l’emmène à l’intérieur de l’école.
Avril 2002
Métro Joliette.
Le port maritime de Marseille.
Les gens sortent du métro portant les
valises, des cabas, des sacs à dos, des sacs avec leurs repas.
Ils ont le sourire, ils marchent en direction du port.
Certains demandent à des passants :
- S’il ti pli, si où li port ?
On leur répond parfois des choses du genre :
- Je suis pas d’ici, je cherche la Vieille Charité, je suis touriste.
A l’entrée de la gare, des personnes habillées d’un bleu avec un sigle
demandent aux passagers s’ils veulent qu’ont leur porte leurs bagages.
Certains les portent tout seul.
Le ciel est bleu.
Le Tariq ben Ziad est à quai. Les hommes courent avec leurs bagages
dans les mains. Les automobilistes klaxonnent dans leurs belles
voitures neuves chargées. Les panneaux indiquent : “ embarquement pour
ORAN ”.
Mardi 26
février 16h30.
Rue de l’Evêché.
Au 41 A de la rue, des femmes et des enfants sont attroupés entre la
palissade et la porte au-dessus de laquelle est écrit “ Ecole Primaire
Major cathédrale .”
Plus loin, à l’angle de la rue A. Bekler devant une porte sans numéro,
côté gauche : une enfilade d’autres femmes et d’autres enfants sont
agglutinés entre la barrière et le mur sur le trottoir large de moins
d’un mètre.
Des camions passent et rasent les têtes des enfants qui se balancent
sur les barrières. Une sonnerie retentit. Un moment passe, puis, la
porte s’ouvre sur une dense file d’enfants qui se poussent pour sortir,
laissant, terrée dans l’embrasure de la porte, la femme qui les
accompagne. Ceux qui attendaient dehors, sont alors refoulés et
reculent et c’est la bousculade dans l’étroit couloir entre la barrière
et le mur.
Côté droit : à l’angle de la rue, en face de l’hôtel de police, le
trottoir est occupé par plusieurs motos et le passage piéton par un
fourgon de police.
Le 01/03/2002
La Joliette - Un café de la rue Mazenod
Un café à la façade en bois, recouvert d’une peinture qui se décolle,
une enseigne en plastique sur laquelle est écrit : “BAR PMU LE CORTE II
”.
L’intérieur est divisé en deux salles. L’une avec son comptoir en bois,
derrière lequel se trouvent quelques bouteilles posées sur les
étagères. Au quatre coins de cette salle, pendent des câbles, comme des
lianes. Le plafond fissuré est orné de grandes barres de néon.
Un Jeune homme taillé d’un bouc, entre, commande un café léger. Une
charmante dame, élégante mais pas BCBG, se dirige vers l’arrière-salle
en passant devant un billard au tapis déchiré sans boules. Sur le mur,
des cannes cassées sont accrochées, des plaques d’immatriculation de
pays différents, des photos d’indiens sont éparpillées, dominées par la
tête d’un Cheyenne.
La femme tire une porte grinçante. Un parfum et une odeur d’urine
fusionnent dans cet espace qui sert de
satisfaction-pour-envie-non-prévue-pressante.
Le ptitbonhomme raconte un fait divers à la marseillaise (en rajoutant
quelques balivernes à lui), cigarette sur le bout des lèvres, fumée
remontant sur ses yeux pétillants. Le gars invite la perle rare à boire
un coup, mais celle-ci jette un regard glacé, s’en va, laissant son
parfum régner sur le café.
Mercredi 15 mai 2002.
Station métro joliette.
Sur le quai, un groupe de jeunes entre 11 et 12 ans s’amusent sur les
escalators. Le métro arrive, ils se précipitent sur les portes . Ils
rentrnt, ils sortent, ils rigolent. Ils vont de wagon en wagon. La
sonnerie se déclenche très fort comme un train . Quand le métro ferme
ses portes, certains s’accrochent aux poignées et ils restent collés
comme des crabes jusqu’à l’entrée du trou noir.
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